vendredi 14 février 2014

The Purge (2013, James DeMonaco)

The Purge est l'un de ces trop rares projets ambitieux qui proposait une idée folle où les portes étaient grandes ouvertes pour accueillir la violence et le chaos à l'état pur. Même si sa bande-annonce laissait présager un film d'horreur des plus classiques, l'intrigue était tellement prometteuse qu'il me fallait absolument y jeter un coup d’œil!

Pour réduire le taux de violence et de criminalité aux États-Unis, le gouvernement s'est vu obligé d'instaurer l'événement de la purge. Chaque année, les gens sont invités à purger leurs pulsions haineuses. Pendant 12 heures consécutives, tous les crimes sont alors permis, du vol jusqu'au meurtre! Les citoyens ont donc une nuit pour faire leurs propres lois et se défouler de toute rage possiblement accumulée durant l'année afin de se tenir tranquille le restant de l'année où les lois américaines reprennent leur fonction. Le film se concentre sur James Sandin, un vendeur d'appareils de système de sécurité d'un quartier de Los Angeles. Décidant initialement de ne pas participer à l'événement annuel, il sera involontairement confronté à une situation périlleuse menaçant sa femme et ses enfants par la même occasion.

J'ai vu beaucoup de films d'horreur gâcher leur propre potentiel, mais jamais autant que The Purge. Le dernier film de James DeMonaco est certainement devenu mon exemple ultime en terme de long-métrage qui passe à côté de tout l'intérêt qui fait sa force! Le concept de base, celui de la purge en elle-même, est très original et laisse place à une histoire saisissante et un carnage sensationnel où les limites sont repoussées. The Purge avait l'idée folle entre ses mains pour nous en faire voir de toutes les couleurs pendant les douze heures où tous les crimes sont légaux dans la ville. Toutefois, plutôt que de présenter les répercussions de cet événement annuel à travers la ville, on retient le tout dans un simple film d'invasion à domicile en nous privant de la meilleure partie du concept, celle à l'extérieur de la maison.

Pourquoi se concentrer sur une simple famille alors que l'histoire promet quelque chose d'aussi énorme? J'aurais tellement préféré une exploitation en profondeur de cet événement et observer ce qu'il se passe dans le quartier plutôt que de devoir me contenter de quelques caméras de surveillance agaces qui nous rappellent que l'on est privé de ce qui faisait de The Purge l'un des films d'horreur les plus originaux de notre ère du recyclage actuelle.

Est-ce que ça empêche le film d'être un bon petit home invasion? Pas du tout. Une fois qu'on s'est mordu les doigts jusqu'au sang et crié à la bullshit, une fois que l'on a accepté cette réalité où The Purge est passé complètement à côté du lingot d'or qu'il avait déniché, le long-métrage maîtrise plutôt bien son film d'invasion. J'aime beaucoup la première partie du film avant que l'événement commence. On est en plein jour, pratiquement une heure avant que la purge commence. Certains individus du quartier pensent à leur barricade pendant que d'autres préparent leur machette. L'événement ultime de l'année arrive, et c'est très bientôt! Dans une heure, ce sera le temps de purger son âme...

D'ailleurs, j'adore l'ironie de ce concept de fou! Pour diminuer la violence pendant toute l'année, on permet toute violence pendant la soirée. Une idée loufoque qui d'un sens semble possiblement logique, mais d'un autre semble immoral peu importe ses résultats à long terme! On peut surtout y voir une certaine critique sociale sur la société et son fonctionnement, ses valeurs et la façon de gérer son système. D'autant plus que les gens de la communauté parlent de  ''faire son devoir de citoyen'' lorsqu'il s'agit de laisser ses pulsions meurtrières contrôler ses actes pendant la purge. Malheureusement, on repassera à ce niveau-là, puisque la critique, bien que présente, est trop peu effleurée pour être réellement considérée. Une autre petite pépite d'or laissée à elle-même!

Étonnement, The Purge n'est pas aussi violent qu'il le laissait croire. On se contentera surtout d'une bonne atmosphère de tension rendue possible grâce à une très bonne réalisation de la part de James DeMonaco même si sa technique laisse parfois à désirer. Ce qui est malheureux avec ce home invasion, c'est qu'il a beau réussir à créer une ambiance stressante, mais les personnages que l'on suit sont tellement stupides qu'il est impossible d'y croire. Les parents, par exemple, me font froncer des sourcils alors qu'ils se soucient très peu de la position de leurs propres enfants dans la maison qui grouille pourtant de tueurs! Sinon, le petit garçon m'a carrément fait décrocher avec ses agissements insensés qui ne servent majoritairement qu'à amener l'intrigue vers un chemin tracé.

Un chemin assez prévisible, soit dit en passant. Malgré le fait qu'il semble vouloir faire autrement, The Purge peine à surprendre le spectateur. En essayant d'être brillant et choquant, DeMonaco offre un film qui accumule les retournements de situation en fin de parcours de façon si intense que la surprise est finalement absente. Particulièrement pour le public ayant bien porté attention aux premières minutes du film où le punch final est presque écrit sur les murs!

Finalement, The Purge possède l'idée du siècle qui aurait pu faire de lui le chef-d'oeuvre du cinéma horrifique en 2013 et, pour cette raison, je lui en voudrai pendant longtemps! Néanmoins, en tant que film d'invasion à domicile, The Purge distribue généralement bien ses cartes malgré sa prévisibilité et ses personnages sans dessein interprétés par des acteurs sur le pilote automatique. Bon, j'accorde à Rhys Wakefield ce qu'il mérite, soit un applaudissement sincère pour son rôle de freak. Autrement, de Ethan Hawke à Lena Headey, passant par Edwin Hodge, personne n'a l'air très naturel dans son jeu.

On a annoncé que The Purge 2: Anarchy se déroulerait à l'extérieur avec de nouveaux acteurs et qu'on assistera enfin au déploiement salivant de l'événement de la purge à travers la ville. J'ai donc extrêmement hâte à cette suite qui en a lourd sur les épaules, puisque ce premier volet n'a pas été en mesure de satisfaire les attentes.

Julien English
3/5

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