mardi 18 février 2014

RoboCop (2014, José Padilha)

RoboCop, chef-d'oeuvre de Paul Verhoeven de 1987, figure sans aucun doute parmi mes films favoris ever made. Depuis environ 2011 que je suis au courant de la production de son remake, et j'ai prit du temps à digérer la nouvelle. Près de trois ans d'appréhension ont suivit avant sa sortie en salle et, fanatique vendu à ce héros de jeunesse robotisé, je n'ai pas eu la force de l'éviter. Je dois avouer que dernière la peur terrible d'y voir la ridiculisation d'une oeuvre aussi parfaite se trouvait l'excitation écervelée de voir RoboCop en action sur écran géant!

Alex Murphy est un policier dont la vie prend une tournure drastique après avoir été victime d'un piège tragique. Démembré et brûlé par l'explosion soudaine de sa voiture, l'agent est miraculeusement guéri par le Dr. Norton. Profitant de l'état catastrophique dans lequel se retrouve Murphy, la compagnie OmniCorp décide de créer un corps policier mi-robot mi-humain. Ne conservant presque uniquement son cerveau et son visage, l'homme devient donc le sujet principal d'une expérimentation ayant pour but d'assurer la justice dans la ville de Detroit.

Contre toutes attentes, cette nouvelle version de RoboCop s'avère brillamment conçue! L'introduction soutenue par Samuel L. Jackson en tant qu'animateur d'une émission nommée The Novak Element clarifie trois choses. D'abord, on aura droit à une version beaucoup plus contemporaine de l'oeuvre de Verhoeven. Ensuite, on aura droit à quelque chose de très différent dans son exploitation. Puis, on ne laissera toutefois pas tomber les fanatiques du film original qui désirent piétiner sur quelques vieilles terres connues malgré tout le remodelage autour.

Évidemment, le personnage de RoboCop lui-même s'est aussi vu bénéficier de plusieurs retouches. Cependant, je n'en veux aucunement à ce remake qui n'a fait que prendre la décision la plus ludique en upgradant le prototype à la fine pointe de la technologie actuelle. L'ancien RoboCop est génial dans sa lente cadence et ses mouvements saccadés pour la nostalgie, mais jamais il aurait pu être prit au sérieux dans les cinémas d'aujourd'hui! Suivant l'évolution de la technologie, le policier-cyborg est désormais plus fluide, très rapide (pouvant même courir à grandes enjambés) et aussi très stratégique. J'ai eu peur que son gain d'énergie et de fluidité lui donne des airs plus plastique que métallique. Qu'à cela ne tienne, RoboCop est imposant et semble même plus lourd et plus puissant que dans les films originaux!

D'ailleurs, cette grande amélioration technique permet d'offrir une poignée de scènes d'action fortes en dynamisme, régalant au passage les amateurs de science-fiction qui seront fournis en beaux effets spéciaux réussit! Néanmoins, hors de tout doute, RoboCop ne se veut vraiment pas un film avec énormément d'action. Sous ses apparences de gros action-package se trouve plutôt un long-métrage lent qui est davantage centré sur la transformation d'un humain en robot et les conséquences sur lui-même et sa famille. En premier plan, RoboCop n'est pas réellement confronté à un ennemi dans cette version, il s'agit plutôt de sa propre confrontation face à sa nouvelle vie. Là-dessus, RoboCop gagne énormément de points!

À la grande déception de plusieurs, incluant moi, ce remake de José Padilha éloigne presque toutes les critiques sociales véhiculées dans le film original quoi qu'il tente mollement de dénoncer l'acharnement de certains médias actuels. Par contre, il va creuser profondément le rapport qu'entretient l'humain avec sa propre partie robot et ça, c'est fascinant! Cette fois-ci, le personnage de Murphy a pu garder son cerveau, faisant en sorte que RoboCop conserve des souvenirs et peut ressentir des émotions. Parfois plus sensible, parfois plus froid, la rivalité entre son lui humain et son lui cyborg apporte quelque chose de très intéressant et touchant qui n'avait été que trop peu effleuré dans le film original.

Dans un même ordre d'idée, il est pertinent que les concepteurs du prototype expliquent le fonctionnement du mécanisme qui permet à Murphy de contrôler ses gestes, mais aussi qu'ils prennent la peine d'expliquer les agissements de l'homme qui tente de sur-passer la programmation à laquelle il est limité par le biais de son système robotisé. Jamais on avait tenté de nous faire comprendre ce genre de logique dans le film de 1987!

De cette façon, Padilha assure un remake très intelligent et travaillé. L'intrigue est bien construite et il ne s'agit vraiment pas que d'un simple flic robot qui chasse les criminels pendant près de deux heures! Malgré tout, si l'humanité de RoboCop est ce qui fait du film un moment de réflexion fascinant, c'est lorsque son niveau de dopamine est diminué à 2% que le personnage sera le plus amusant! Perdant alors presque tout émotion et se concentrant sur la tâche qu'il a à faire, on reconnaît tout de suite les airs du bon vieux RoboCop arrêtant les banlieusards de sa voix robotisée et ses répliques punchées!

Au fond, bien que José Padilha offre un film bien distinct à l'original, les similitudes des deux histoires sont bien visibles et les clins d'oeil sont nombreux. À commencer par la sublime chanson thème reprise presque tel quel. Autrement, j'apprécie beaucoup le fait que RoboCop soit construit selon l'ancien modèle gris du film de Verhoeven pour faire plaisir aux fans comme moi avant d'être adapté à la sauce du nouveau produit en noir. J'avoue garder une préférence pour la vieille armure grise, mais le nouveau design est plutôt bien même s'il ne permet pas à Murphy de dégainer son arme directement dans sa cuisse-ouvrante! Petit fait cocasse, j'aime comment RoboCop prend toujours le temps de tourner sa tête vers la direction qu'il prend avant de tourner le reste de son corps exactement comme dans les films originaux! Je sais, je suis du genre à m'attarder sur des détails niaiseux!

Au niveau des améliorations, on note un changement radical de véhicule, passant de la voiture de patrouille dans le RoboCop de 1987 à une moto stylisée selon l'armure de son propriétaire cyborg. De plus, RoboCop voit son fameux Beretta se faire modifier en triste teasergun et ça, c'est extrêmement dommage!

Cette nouvelle version de RoboCop manque énormément de couilles sur la violence qu'il projette (ou plutôt, qu'il ne projette pas!). Il est tellement mou de ce côté-là qu'il oublie complètement l'ironie du premier film qui employait la violence comme un complément essentiel à la critique qu'il faisait! Foutus producteurs américains, on a bien comprit qu'en créant un simple PG-13 inoffensif, on venait de s'assurer quelques billets vendus supplémentaires au détriment de la qualité de l'oeuvre.

Je me permet une petite parenthèse à ce qui attrait aux acteurs qui sont tous excellents! Le casting est tout à fait génial, particulièrement Michael Keaton en méchant trou du cul de la compagnie! Aussi, Gary Oldman se classe à ses côtés parmi les meilleures performances du lot! On note un Samuel L. Jackson et une Abbie Cornish bien impliqués, alors que Joel Kinnaman fait son possible pour offrir sa propre version du personnage d'Alex Murphy. Difficile de surpasser Peter Weller qui s'est approprié le personnage telle une chaussure à son pied dans le film de 1987 et restera ainsi à jamais le RoboCop ultime, mais il n'est pas mauvais pour autant.

Finalement, RoboCop de José Padilha n'est certainement pas parfait, mais c'est tellement rare d'avoir des aussi bonnes actualisations réussies de nos vieux chefs-d'oeuvre. Surtout pour un film possédant toutes les caractéristiques du blockbuster commercial à gros budget comme celui-ci! Bon, on ne peut pas dire qu'il n'en est pas un, mais il en est au moins un beaucoup plus brillant et travaillé que la norme de nos jours! Ceci étant dit, il est donc impossible de lui en vouloir même si la série originale n'avait pas vraiment besoin d'un second souffle. Si on m'annonçait une suite, je serais toujours partant!

Julien English
4/5


À voir également:

RoboCop (1987, Paul Verhoeven)
RoboCop 2 (1990, Irvin Kershner)
RoboCop 3 (1993, Fred Dekker)

1 commentaire: