jeudi 3 mai 2012

Battle Royale (Batoru Rowaiaru) (2000, Kinji Fukasaku)


Rapidement, pour ceux qui ne connaissent absolument rien de Battle Royale, c'est un film japonais sortie en 2000 basé sur le roman de Koushun Takami sortie l'année d'avant. À sa parution, le long-métrage à caractère violent a passé tout près d'être censuré par le gouvernement du Japon. En Amérique du Nord, il est disponible légalement en DVD et en Blu-Ray seulement depuis peu. Pourquoi tant de controverse? Disons que Battle Royale est assez... sanglant et déchaîné! À ceux qui acclament tant The Hunger Games, sachez que ce dernier n'est absolument rien fasse à son ancêtre japonais!

Qu'arrive-t-il lorsque la nouvelle génération de jeunes est devenue si centré sur elle-même qu'elle ne s'intéresse plus à rien, qu'elle ne respecte plus l'autorité parentale et qu'elle s'engouffre péniblement dans une société extrêmement individualiste? Le gouvernement passe la loi BR! Chaque année, une classe de neuvième est sélectionnée aléatoirement à travers le Japon afin de participer au Program. Ce Program n'a qu'un but: aider les jeunes à grandir pour ainsi être prêt pour la vie adulte. Le problème étant qu'un seul bénéficiera de tout ça; Le survivant parmi les 42 élèves participants. Une île où il est impossible de s'enfuir accueillant 42 étudiants qui doivent s'entre-tuer jusqu'au dernier pendant un maximum de trois jours, sans quoi les colliers accrochés à leur cou leur exploseront la gorge, déclarant simultanément aucun gagnant; telles sont les règlements principales du jeu. Chacun des élèves possède le même bagage d'objets (incluant compas, map et autres) ainsi qu'une arme aléatoire (allant d'un éventail à une mitraillette). Concept de disjoncté me direz-vous: et bien oui! Battle Royale est disjoncté, mais sensationnel.

Je n'ai jamais lu le roman de Battle Royale, je ne peux donc faire aucun parallèle avec celui-ci. Cependant, j'ai eu la chance de lire quelques comics du même nom sortie la même année que l'adaptation cinématographique. La première chose que j'ai remarquée en visionnant le film, c'est qu'il reprend les meilleurs éléments des comics tout en améliorant ses lacunes. Ça se remarque assez aisément pendant l'explication de la loi BR en classe. En faite, il y a deux éléments qui sont moins réussit que la BD et je vais m'y attarder à l'instant. Tout d'abord, le professeur. Dans les comics, le professeur est un espèce de détraqué complètement fou avec toujours un grand sourire moqueur au visage. Ça rend le personnage encore plus maniaque et intéressant que sa version au cinéma. Dans le long-métrage, l'enseignant est plutôt calme et malheureusement sans aucune émotion. Ensuite, l'ambiance. Difficile de comparer l'ambiance d'un film avec celle d'une bande-dessinée me direz-vous. Oui et non. Disons simplement que dans les comics, la scène en classe est prise avec énormément de sérieux et beaucoup d'intensité. Si cette même scène reste assez intense dans l'adaptation cinématographique, sans aucun doute que son lot d'humour et l'air neutre du professeur Pokerface nuisent un peu à la tension de la situation.

Ici s'arrêtent mes points négatifs pour le moment; je ne voudrais surtout pas que vous pensiez que je préfère les comics, loin de là. Notamment parce que le film réussit davantage son pari si l'on met à l'écart la scène précédemment citée. En réalité, l'adaptation est un peu l’équivalent de la bande-dessinée en vitesse accélérée, ce qui avantage grandement le film de Fukasaku, puisqu'un des défauts de la version papier est justement d'en mettre trop inutilement et d'ainsi nuire au rythme. D'un autre côté, si les comics possèdent trop de longs flashback interminables qui nous font perdre un peu le fil du jeu, le long-métrage n'en possède pas suffisamment! Les flashback sont plutôt importants, puisqu'ils nous en apprennent beaucoup sur l'histoire des élèves avant leur arrivée sur l'île. Par contre, le film n'offre que quelques secondes ici et là d'explications sur leur passé. C'est si peu développé que j'aurais presque préféré ne pas me faire couper pour un flashback aussi court et, au final, à la limite de l'inutilité!  On ne brise pas un tel rythme de fou pour quelques secondes random qui cassent l'enchaînement pourtant réussit!

Bien que tout ça soit plus des détails qu'autre chose, c'est déjà tout ce que j'avais à reprocher au film. Parce que Battle Royale est intense. Parce qu'il cogne à la porte des chefs-d’œuvre asiatiques. Parce qu'il ne mérite pas plus de représailles. On reproche souvent à ce film d'user de violence gratuite pour choquer sans nécessairement avoir de but. Je suis loin d'être de cet avis! D'abord parce que cet aspect choquant et son concept sadique de départ rend le tout simplement encore plus épique. Je suis également loin de croire que Battle Royale n'est rien d'autre qu'un divertissement gratuit et sans optique. Au contraire, je crois plutôt qu'il y a un second degré à saisir. Probablement que cet aspect est mieux développé ou plus clair dans le roman, mais le long-métrage est certainement une sorte de critique sociale aux régimes gouvernementaux japonais ainsi qu'à la nouvelle génération d'adolescents actuelle qui ne s'intéresse plus à rien. Même au niveau des meurtres, j'avais déjà lu une analyse écrite par un autre blogueur qui émettait l'hypothèse que chacun d'eux représenteraient un vice de la jeune génération. Sincèrement, j'ai rejeté rapidement l'idée d'une violence extrême sans but. Battle Royale a définitivement plus à offrir si l'on creuse un peu!

D'ailleurs, outre leur ''deuxième degré'', les meurtres à la base sont assez réussis pour réjouir les fanatiques de l'horreur! À la fois sanglants, originaux, surprenants et même choquant pour certains, chaque mort est terriblement réaliste et bien fait. On ne censure pas un long-métrage internationalement en passant à deux doigts de faire subir le même sort dans son pays-même pour rien! Je parle de réalisme sans trop élaborer, mais je veux dire par là que le réalisateur n'essaie pas d'en faire trop. Encore mieux, il ne tente pas de rendre son film le plus épique possible en créant des affrontements man to man de films d'action et tout ce qui s'en suit. Ç'aurait été ridicule et le long-métrage aurait perdu sa crédibilité. Au lieu de ça, Battle Royale se contente d'offrir une version réaliste et terre-à-terre d'une mise en situation extrême où la loi ''tuer ou être tué'' prend tout son sens. Certains personnages du film ont même des armes un peu plus inoffensives que dans les comics, et je dis tant mieux! Ça ajoute encore plus d'intensité et ça permet de mieux exploiter l'instinct de survit des jeunes. Sinon, l'inclusion des hauts parleurs permettant au professeur de communiquer avec les participants est une idée bien intéressante aussi.

On a déjà reprocher aux acteurs de jouer trop théâtrale, d'exagérer les réactions. Je ne suis pas d'accord. En premier lieu, il faut comprendre que c'est une façon de jouer très fréquente dans les films asiatiques. Si vous croyez qu'ils exagèrent leurs émotions, visionnez d'autres asian et votre avis changera peut-être. Puis ensuite, mettez-vous dans la peau d'un adolescent de 15ans qui est loin de ceux qu'il aime et qui se ramasse dans ce jeu de survie où il doit tuer, de ses propres mains, les autres étudiants de sa classe jusqu'à ce que mort s'en suive. C'est une situation assez particulière qui, je crois, justifie les émotions dans le tapis qu'interprètent les acteurs!

Pour continuer, malgré son concept très dramatique et controversé, Battle Royale ose dans l'humour noir. Assez bien dosé à part de ça! Effectivement, il n'y en a pas assez pour nuire à l'univers tragique de la loi BR, mais suffisamment pour ajouter un petit côté amusant et nous aider à embarquer dans cette folie. Bien entendu, il faut aimer ce genre d'humour. Pour le scénario d'une manière plus générale, j'adore la façon qu'a Kenta Fukasaku de renouveler le tout avant de se répéter. En effet, avec cette histoire de carnage sanglant contre la mort sur une petite île (concept initial de Takami, auteur du roman), le film aurait très bien pu devenir vite redondant au bout de ses deux heures approximatives. D'autant plus que Battle Royale ne perd pas de temps à débarquer les élèves sur l'île en question! Pourtant, jamais le long-métrage ne tourne en rond, continuant toujours à offrir davantage. Même les meurtres se démarquent tous! Et n'oubliez pas que sur les 42 participants, un seul doit survivre; ce n'est pas les cadavres qui manquent!

D'ailleurs, une question persiste à nous intriguer pendant tout le film. Comment ça va se terminer? On sait qu'un seul doit survivre et qu'il n'y a apparemment aucun moyen d'échapper à ce destin malheureux, au risque que tous meurent! Pourtant, certains s'unissent, à deux, à trois, à quatre,... mais que vont-ils faire une fois la game over? C'est le genre de questionnement qu'on se posera jusqu'à la conclusion. Conclusion qui, ma foi, ne pouvait pas être plus incroyable et surprenante!

Au final, qu'est-ce que Battle Royale? Un film de fou que tous amateurs d'horreur asiatique devraient voir. Un film dont je pourrais vous écrire une critique deux fois plus longues que celle-ci et dont vous n'aurez pas plus idée de ce qu'il est vraiment avant de l'avoir vu.

Julien English
4.5/5


*Dans la même série:

Battle Royale (2000, Kinji Fukasaku)
Battle Royale II: Requiem (2003, Kenta & Kinji Fukasaku)

5 commentaires:

  1. ; Je vais le télécharger ! (et peut-être me torde dans tous les sens si c'est dans le genre "Saw").

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    1. Battle Royale n'est pas du tout dans le même pattern qu'un Saw, ne t'inquiète pas pour ça!

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  2. ; Tiens, ça faisait longtemps que je n'étais pas venue ! Les jours passent, et j'oublie constamment de regarder ce film. (x

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  3. J'ai tellement envie de regarder ce film, mais j'ai aussi une peur stupide de voir des meurtres glauques sur TV.
    C'est vraiment chiant ): , j'adore l'histoire et le comic.

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  4. Film juste épique, ayant lu tout les mangas, je trouve que c'est vraiment une bonne adaptation. Avec une BO très bien choisie. Je vous le conseil :)

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