mardi 13 mars 2012

Pleasantville (1998, Gary Ross)

Dépuis longtemps au cinéma, les duos contraires sont populaires. Particulièrement dans les comédies. Le policier noir faisant équipe avec un policier blanc, l'homme sage et calme étant ami avec un grand extraverti dynamique, l'homme expérimenté avec le maladroit, etc. C'est un concept auquel j'ai toujours pris un certain plaisir coupable à voir, bien que je trouve ces mixtes contraires beaucoup trop overused aujourd'hui. Pleasantville apporte sa version: la génération haute en couleur d'aujourd'hui qui se ramasse dans un monde en noir et blanc avec des familles réservées vivant dans les bonnes manières et l'éternel bonheur. Tout pour piquer ma curiosité! Me voilà donc en train de faire la critique d'un film qui aurait malheureusement dû s'avérer meilleur que ça.

Après une dispute entre frère et soeur pour avoir la télécommande de la télévision, David et Jennifer se téléportent dans l'émission de télé Pleasantville. Cette série présente un monde en noir et blanc vivant dans les années 1950. Le problème étant que David et Jennifer viennent des années 1990! Les deux adolescents entreront en contact avec cette population idéalisée de Pleasantville, ce qui aura des répercutions énormes sur ces gens dont la mentalité est bien différente de celle des téléportés!

Le but d'une comédie est logiquement de nous divertir en nous faisant rire. Le problème avec Pleasantville, c'est qu'il me diverti sans jamais me faire rire! En effet, je me suis bien amusé à voir les comparaisons entre la mentalité du monde d'aujourd'hui et celle d'autrefois. Il est vrai que la société des années 50 est stéréotypée à l'extrême, mais c'est étrangement ça le plus amusant! On assiste alors à deux genres de gens complètement différents avec des valeurs différentes, des perceptions différentes et des connaissances différentes, ce qui créera certains malaises entre les deux sociétés. Malgré tout, Pleasantville n’atteint pas son but, puisque, comme mentionné plus haut, il n'est pas nécessairement comique. C'est bien beau être intéressant, mais lorsqu'on regarde une comédie, on s'attend à sourire, ce que je n'ai malheureusement pas fait (ou presque: voir plus bas). En faite, le film n'est simplement pas ce à quoi je m'attendais. Est-ce mieux ou pire? Aucun des deux, mais j'espérais davantage côté blagues. Pourtant Gary Ross, réalisateur et scénariste du film, semble avoir bien essayé. Ça se voit par la touche un peu parodique et caricaturée de la société d'autrefois.

Cependant, alors que le long-métrage semble se diriger vers une comédie à oublier, l'apparition d'un peu de couleur dans l'univers du noir et blanc vient faire pencher la balance de l'autre bord! Soudainement, ça devient peu à peu plus drôle, même si on n'éclatera jamais de rire pour autant. Le film devient plus original, un peu moins stéréotypé, mais surtout plus entraînant avec sa musique très 50's qui s'harmonise à merveille avec le genre! Plusieurs bonnes idées font leur apparition. Par exemple, la mère devenue colorée qui décide d'utiliser son maquillage (qui, lui, est encore en noir et blanc) pour camoufler sa peau teintée. Ce gain d'intérêt me permet facilement d'apprécier Pleasantville en tant que petite comédie d'un dimanche soir. Sinon, les acteurs sont généralement bien convaincants. Tobey Maguire et Reese Witherspoon jouent leur rôle de frère et sœur de façon satisfaisante, mais William H. Macy et Joan Allen sont tout simplement parfaits dans leur personnage de parents old school!

Cependant, malgré l'arrivée d'un peu d'originalité et de bonnes idées, Pleasantville ne dépassera jamais la barre du film agréable. Pourquoi? Et bien si cette ''deuxième partie'' du long-métrage apporte plusieurs points positifs, elle apporte aussi du moins bon. Pour ne nommer que ça, on remarque beaucoup d'incohérences flagrantes à partir de l'apparition des couleurs dans le monde en noir et blanc. Par exemple, la population démunie de couleur depuis toute leur existence arrive pourtant à affirmer avec certitude qu'il y a du vert à un tel endroit. Un peu ironique, puisque ces gens n'ont jamais eu conscience de ce qu'était le vert!

Gary Ross se font pardonner ses erreurs par son dénouement. Sans vouloir vous en dire trop, disons simplement que les impacts sur la petite ville saine et heureuse des années 50's suite aux contacts avec le monde 90's sont brillantes et recrachent une certaine vérité implicite de notre génération. C'est surtout dans ce dénouement que l'on voit le côté visionnaire de Pleasantville ressortir, puisque oui, c'est un film visionnaire! D'accord, la fin n'est ni révolutionnaire ni incroyable. Par contre, même si elle est bien prévisible, elle reste agréable. En faite, elle conclue doucement sans tenter d'en faire trop et ainsi risquer de se planter. On ne peut quand même pas lui en vouloir pour ça!

En bref, le tout reste appréciable dans la situation où l'on ne s'attend pas à quelque chose de trop gros. Malheureusement, je m'attendais à beaucoup, alors ma déception a été plus grande qu'elle aurait dû l'être. Pourtant, mise à part cette attente surélevée, je dois avouer avoir passé un bon moment devant Pleasantville.

Julien English
3/5

1 commentaire:

  1. En effet, je ne pense pas que le but de "Pleasantville" soit de faire rire. Sous ses aspects de comédie légère, il s'agit d'une satire politique qui, plus que de jouer de l'opposition entre deux mondes, nous présente un petit monde censé être utopique mais qui, en étant clôt sur lui-même, penche plutôt en réalité du côté du totalitarisme, comme le montre bien la seconde partie. Il s'agit en cela d'une critique de l'histoire des Etats-Unis (ségrégation raciale, etc.) et de tout système totalitaire. Si cet aspect du film t'intéresse, je te conseille cet excellent article qui en parle bien mieux que moi : http://ouvre-les-yeux.fr/pleasantville-du-reve-americain-au-totalitarisme/ Je pense que le film s'apprécie d'autant plus quand on voit vraiment cette dimension là, qui est extrêmement riche. Après, pour une franche rigolade, c'est sûr que ce n'est pas forcément le film le plus indiqué.

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