lundi 8 avril 2013

Spring Breakers (2013, Harmony Korine)

Spring Breakers est un film qui était très loin de m'intéresser. À la vue de sa promotion, tout portait à croire qu'on allait avoir droit à un autre film de party insipide comme Project X l'année passée. Ma curiosité a commencé à s'éveiller lorsque j'ai eu conscience qu'Harmony Korine était derrière la caméra de ce long-métrage. Non pas que ce réalisateur possède une grande place dans mon cœur, mais j'étais au moins assuré d'assister à quelque chose de plus élaboré et intéressant que la merde de Nima Nourizadeh!

Quatre grandes amies, Candy, Brit, Cotty et Faith, ont de l'ambition. Cette année, elles veulent participer au spring break organisé annuellement en Floride. Le problème étant qu'elles ne n'ont pas l'argent nécessaire pour le voyage! Désirant à tout prix y aller, ces jeunes femmes iront voler un restaurant où elles ramasseront suffisamment de monnaie pour s'exiler vers leur destination. Ce n'est que le début d'une aventure qui ne sera pas aussi amusante qu'anticipé...

Heureusement, j'ai eu raison dans un certain sens! Ceux qui ne sont pas familiers avec Korine n'y verront probablement qu'un simple prétexte pour attirer le public masculin, et ils n'auront pas tout à fait tord. Cependant, ce film est bien plus que ça, mais je ne m'embarquerai pas là-dedans tout de suite. En fait, même si Spring Breakers ne s'avère pas aussi pire qu'il ne le semble, ça reste clairement le long-métrage le plus commercial d'Harmony Korine. D'ailleurs, mon point s'observe facilement dès les premières images où le spectateur assiste à un montage des belles femmes en bikinis, buvant de l'alcool pendant un beach party. La première paire de seins est alors dévoilée, le tout sur Scary Monsters And Nice Sprites du groupe Skrillex. Définitivement, ça commence mal, mais on sait au moins à quoi s'attendre!

Pourtant, une fois cette courte introduction passée, Spring Breakers arrive tranquillement à présenter quelque chose de plus intéressant. D'abord, on remarque très rapidement la photographie particulière du métrage qui nous épatera jusqu'à la fin. Ensuite, on réalise que Spring Breakers prend un côté très sérieux et dramatique. Au diable le gros party ennuyant pendant une heure et demi! Korine a bien plus à offrir. C'est là que le réalisateur est davantage reconnaissable. Même si Spring Breakers ne baigne pas complètement dans son genre habituel, son ton tragique et son côté provocateur se ressentent à merveille. Au fond, il suffit de voir son premier film, Gummo, ou encore Trash Humpers pour avoir une petite idée de l'univers controversé que le réalisateur a su apprivoiser avec le temps.

Spring Breakers n'échappe pas à cet univers. Les références à caractère sexuel sont nombreuses, la violence est bien présente, l'atmosphère est parfois un peu lourde, et des actrices inoffensives de Disney se baladent en petits bikinis sexy! Que l'on aime ou pas, la provocation fait indéniablement partie du style d'Harmony Korine qui en a toujours fait usage pour passer ses messages.

Qu'à cela ne tienne, le message n'est pourtant pas nécessairement évident ici. Néanmoins, il est intéressant d'y voir une certaine critique de notre jeune génération actuelle. Là où des films comme Project X semblent vouer lamentablement un culte à ces jeunes cons qui font des niaiseries sans se soucier des moindres conséquences, Spring Breakers semble plutôt les déplorer en utilisant une approche similaire. Bien sûr, on présente alors plusieurs scènes de party, d'alcool et de sexe, mais Korine exploite visiblement ces actes pour mieux les dénoncer. Sans vouloir surévaluer maladroitement son œuvre, puisqu'il tombe quand même aussi bas que tous les autres en tournant ce genre de scènes, ce long-métrage est une belle réflexion sur la naïveté de la jeunesse d'aujourd'hui qui s'embarque dans n'importe quoi sans trop y réfléchir juste pour le trip. Ainsi, il est nul question de prendre bêtement les personnages présentés comme des modèles, mais plutôt d'y observer les conséquences de leurs actions.

Malheureusement, Spring Breakers est un long-métrage aux qualités up and down, et pas seulement pour son message ironique. La réalisation d'Harmony Korine est le parfait exemple pour illustrer mon point. D'une part, elle est incroyable. Korine offre quelques plans de caméra bien réfléchis et sublimes. Par contre, le film est monté à la façon d'un vidéoclip avec énormément de changements de scènes. Pendant presque toute sa durée, Spring Breakers alterne entre flashbacks, parallèles et bonds dans le temps. Tellement qu'on fini par s'écoeurer. Pour certaines scènes, l'utilisation de cette technique est parfaite, mais lorsqu'elle est étalée sur une heure et demi, ça devient un peu redondant. En faite, Korine tente seulement d'en faire trop. De dramatiser et d'intensifier les événements pour ajouter toujours plus d'impact même après que l'idée soit transmise au spectateur. De telle sorte qu'il crée tout l'effet inverse dans l'esprit de son public.

Le scénario de Spring Breakers finira par en souffrir également. Au bout d'un certain temps, le principe est saisi et l'intérêt du long-métrage commence grandement à régresser. Aussi, il aurait été plus divertissant que la finale ne soit pas si peu originale! Après un tel film, j'ai été bien déçu de sa conclusion et j'aurais préféré une tournure moins prévisible.

Toutefois, Spring Breakers possède quelque chose qui est loin d'être décevant. Ce quelque chose se compte principalement au nombre de cinq. Aussi étrange que cela puisse paraître, Vanessa Hudgens, Ashley Benson, Selena Gomez et Rachel Korine constituent un élément très fort du film! En faite, ce quatuor est bien intéressant sur plusieurs points. D'abord, parce qu'on est tous habitué de les voir jouer dans des œuvres pour pré-adolescentes de Disney et que Spring Breakers est à des milliers de kilomètres de High School Musical, Bring It On: In It To Win It ou encore Another Cinderella Story. Bref, seule Rachel Korine semble réellement à sa place, et c'est bien parce qu'elle est la femme du réalisateur-même!

Malgré tout, les quatre actrices offrent une performance bien convaincante et elles devraient décidément s'aventurer plus souvent dans ce genre de projet. Au départ, le simple fait de voir ces jeunes femmes se dénuder et consommer de la drogue est un peu étrange. Mais leur acting est excellent et on fini même par croire en la belle Hudgens lorsqu'elle gueule: ''Give me your motherfucking money or I'm gonna shoot your fucking brains out!'' De plus, la scène du cambriolage pendant laquelle cette réplique est lâchée est certainement l'une des plus efficace de Spring Breakers! Celle de son threesome étant la plus ''suis-je-vraiment-en-train-de-voir-Hudgens-dans-une-telle-scène''. Non pas que je m'en plains. C'est seulement une toute autre histoire que sa relation avec le charmant Alex Pettyfer dans Beastly...

Hudgens, Benson, Gomez et Korine. Ça fait seulement quatre. Qui est donc ce cinquième élément? James Franco, bien sûr! Cet acteur démontre énormément de talent par son personnage d'Alien, un dealer de drogue assez inquiétant. Franco est carrément méconnaissable! C'est dommage qu'il tarde autant à faire son apparition, puisqu'il vole littéralement la vedette du film! En faite, j'irais jusqu'à dire que c'est son meilleur rôle en carrière jusqu'à date.

Aussi, la soundtrack possède une grande importance dans l'appréciation du film. Si je n'apprécie pas particulièrement Skrillex qui se révèle majeur dans la bande originale du long-métrage, Spring Breakers alterne beaucoup entre musique populaire du moment et quelque chose de plus neutre. Par exemple, si Cliff Martinez a déjà fait mieux avec Solaris ou Drive, pour ne citer que ceux-là, il offre tout de même quelques bonnes pistes musicales pour ce film-ci.

Au final, Spring Breakers est tellement difficile à juger! Je m'attendais à retrouver un long-métrage aussi à chier que Project X, et je me ramasse avec une œuvre qui me laisse perplexe. Harmony Korine s'éloigne un peu trop de son style qui lui est propre, mais ça ne lui empêche pas de signer un bon divertissement et de transmettre un semblant d'avertissement subtile à notre génération ignorante du danger. Je n'ai qu'une chose à ajouter. Ne vous fiez pas nécessairement à l'image que Spring Breakers projette. Ce n'est qu'une fausse représentation allant un peu à l'encontre même de son concept. Je ne suis pas certain de pouvoir qualifier l'ensemble de l'œuvre comme étant ''bonne'', mais je peux avouer être resté surpris d'y voir un léger divertissement inattendu alors que j'anticipais le pire.

Julien English
2.5/5

3 commentaires:

  1. franchement, bravo pour ta critique, c'est parfait. Personnellement, je trouve que ce film est un vrai chef d'oeuvre. Mais la fascination qu'éprouve Alien envers Faith aurait du être un peu plus traîtée. Cependant, James Franco m'a bleufé, son personnage est joué à la perfection. C'est un film qui ne devrait pas recevoir toute cette commercialisation, il vaut bien plus que ça.

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    1. Merci beaucoup! Même si je ne le considère pas comme un chef-d'oeuvre, je suis amplement d'accord avec ce que tu affirmes ici.

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    2. Avec plaisir ! Bonne continuation avec tes critiques, elles sont géniales, je vais faire tourner ton site.

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