dimanche 17 mars 2013

The Cabin In The Woods (2012, Drew Goddard)

The Cabin In The Woods a été ce genre de films qui fait jaser tout le monde. Fanatiques de l'horreur et amateurs d'un soir, plusieurs se sont jetés sur ce long-métrage de Drew Goddard et se sont divisés en deux clans presque égaux. D'une part, ceux qui ont adoré le film pour son hommage au cinéma horrifique. Et à l'opposé, les détracteurs qui y voient une grosse insulte envers les films d'horreur. Au fond, que vaut vraiment The Cabin In The Woods? Nulle façon de le savoir réellement avant de l'avoir vu par soi-même. Adorateur de films horrifiques obligé, je pose le constat que j'en ai fait.

Deux grands sportifs, une blonde conne, la nerd et le drogué toujours gelé partent passer des vacances dans une cabane au beau milieu d'une forêt. Vous connaissez déjà le concept, inutile d'en dire davantage. Mais connaissez-vous réellement la suite des choses? The Cabin In The Woods a plus d'un tour dans son sac pour tenter de berner le spectateur. En dire plus serait vous gâcher la découverte du film!

Entre hommage et insulte, The Cabin In The Woods semble finalement camper en plein milieu. Loin de moi l'idée de vous convaincre que le film souffre de ses propres qualités, à vous d'en juger comme bon vous semble, mais c'est sincèrement mon opinion personnelle. Je trouve beaucoup trop facile de surélever un long-métrage comme celui-ci sur un piédestal en affirmant qu'il joue avec les règles et les clichés du genre. D'une façon générale, même si je nuancerai cette aspect un peu plus tard, je peux accorder à The Cabin In The Woods qu'il s'approprie bien les normes souvent ridicules que l'on rencontre dans plusieurs films d'horreur. De manière efficace? J'y reviendrai. Cependant, le film aurait beau être l'hommage ultime au cinéma horrifique (et certains le croient), s'il n'est pas divertissant, je ne l'applaudirai que pour l'effort et je passerai à autre chose. C'est un peu ce qui m'arrive avec The Cabin In The Woods.

En faite, même si ma déception provient en majeure partie de toutes ces critiques élogieuses que j'ai pu lire, The Cabin In The Woods en lui-même reste assez décevant. Le film n'est pas totalement raté, et c'est même ça qui énerve. Les producteurs ont emprunté une excellente voie qu'ils n'ont pas pu aboutir de façon intéressante. Ce long-métrage est l'équivalant parfait d'une montagne russe qui tourne en rond... sur tous les points! Avant l'expérience du manège, j'étais aussi excité qu'un enfant de 8 ans peut l'être avant d'embarquer dans une auto tamponneuse. C'est-à-dire prêt à se faire rentrer dedans par un hommage jouissif au cinéma d'horreur! Malheureusement, une fois bien siégé, c'était une toute autre affaire.

Pour continuer dans cette même métaphore douteuse, les sommets ont prit un certain temps avant d'arriver. L'avantage majeur de The Cabin In The Woods est sans aucun doute son concept. Juste assez corsé, mais très simple à suivre sans problème. On assiste alors à deux histoires principales qui se déroulent simultanément en alternance. D'un côté, la gang de jeunes adultes qui se rendent à une cabane perdue au fond du bois. On ne pouvait avoir plus typique du cinéma horrifique! De l'autre, il y a ces travailleurs en chemise blanche dont je vous laisse le soin de découvrir l'objectif.

Jusqu'à maintenant, deux grosses pentes font déjà apparition. En premier lieu, The Cabin In The Woods est une immense référence à plusieurs films et il est très généreux sur les clins d'oeil, ce qui est une excellente chose en soi pour n'importe quel amateur. Passant de certaines situations familières à un survole de différents sous-genres horrifiques, The Cabin In The Woods est jusque là un hybride pleinement réussit, en plus d'une encyclopédie mythique visuelle.

Là où nuance il y a, c'est lorsque le film a tellement de prétentions qu'il décide de copier tous les autres films horrifiques afin de se les approprier et de les critiquer à travers un message plus ou moins clair. Le problème étant justement qu'en essayant de jouer avec les règles du cinéma d'horreur comme un certain Wes Craven a déjà réussit à faire avec Scream, The Cabin In The Woods s'engouffre lui-même dans le piège. C'est bien beau de rire des personnages stéréotypés, des mises en situation dans le bois et cie. Mais lorsque l'on en fait trop, avec autant de sérieux et de ridicule à la fois, on en vient à se demander si Drew Goddard, réalisateur et l'un des scénaristes avec Joss Whedon, ne souffrirait pas lui-même de ce qu'il prétend rire!

Parce que c'est bien beau d'hommager (ou ne devrait-on pas dire parodier?), mais encore faut-il savoir le faire! Je ne doute aucunement des bonnes intentions. Cependant, ça n'empêche pas The Cabin In The Woods de mettre en scène des personnages et des situations clichés à fond. En d'autres mots, que Goddard s'amuse réellement avec les conventions ou non, son film perd énormément d'intérêt juste pour cet aspect qui n'est pas suffisamment accompli et évident pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté!

D'ailleurs, toute cette histoire aura un impact considérable sur le reste du film. Dans ses dialogues cheesy et quétaines, par exemple, qui laissent perplexe face au sérieux de la chose. Est-ce sérieux ou bien c'est encore du jeu parodique? Mais c'est encore pire chez les personnages où leur personnalité et leurs agissements tapent beaucoup plus sur les nerfs qu'ils ne les rendent attachants. Juste à prendre le rôle de Chris Hemsworth pour en avoir la preuve: en plus d'avoir un manque profond de coeur (à moins que ce ne soit causé par une simple mauvaise performance de l'acteur), son personnage de jeune sportif est totalement irritable!

Au fond, Hemsworth n'est pas le seul dans cette situation. Les performances de Anna Hutchison, Kristen Connolly, et encore plus Fran Kranz sont bien difficilement évaluables étant donné leur rôle trop mal écrit. Impossible de déterminer si les acteurs du film sont mauvais ou si, au contraire, ils interprètent parfaitement le côté ridiculement stéréotypé de leur personnage. Dans les deux cas, l'effet sur moi est le même: l'indifférence.

S'il y a bien un élément qui ne me laisse pas indifférent dans The Cabin In The Woods, c'est bien sa finale. Pour de bonnes et de moins bonnes raisons. L'histoire reste assez banale et remplis de plusieurs incohérences et de déjà vu. Entre les lignes, il sera amusant de découvrir les multiples secrets de la cabane et les scènes au bureau alternant en parallèle avec la gang de jeunes pendant tout le film apportent une bonne poignée d'évènements intéressants. Mais ce n'est que vers les dernières vingtaine de minutes que The Cabin In The Woods prend tout son sens! Ce dénouement, pour vous garder la surprise, est incroyablement jouissif pour tous fanatiques de films d'horreur au sens large! C'est réellement dommage que le film souffre de mauvais effets spéciaux qui viennent restreindre le délice qu'est son dénouement.

De plus, la finale qui s'en suit nous ramasse littéralement avec une espèce de mythologie intelligente. Malheureusement, tout semble tellement précipité et peu exploité qu'on se demande pourquoi la sauce n'a pas été étirée davantage, quitte à couper dans le reste du film. Certes, la fin est selon moi stupide lorsque les personnages ne cessent de deviner beaucoup trop rapidement leur situation comme seuls les devins le feraient. Mais le divertissement y est quand même!

Finalement, la montagne russe est terminée. Le visionnement laisse un goût très mitigé. Autant la réalisation de Drew Goddard est plutôt bonne, son scénario est en duel constant entre l'hommage accompli et la parodie pitoyable. Autant quelques blagues ont fait rire, d'autres ont été un peu de trop. Autant on s'aperçoit qu'une trappe à ours fait une excellente arme de poing démentielle, on s'aperçoit surtout que The Cabin In The Woods est un énorme concept totalement génial lâché en pleine effervescence avec comme seul guidage une laisse qui attend de céder.

Julien English
2/5

2 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord avec ta critique, dans une certaine mesure, Joss Whedon en interview arrêtait pas de dire que son scénario était très efficace, très innovateur et fort... mais, même si je l'ai plus aimé que toi, il m'apparaît clair que le scénario est trop "prétentieux" dans la mesure où on voit venir souvent les punchs et que les moments dans la fameuse "Cabin" sont les moments les moins intéressants.

    Mais, ce qui m'a paru vraiment plate lors de mon visionnement en salles, c'est que Joss Whedon a l'air de détesté le cinéma d'horreur au bout et de le traîné dans la bouette... pourtant, on parle bien du scénario de Buffy, The Vampire Slayer, créateur de la série télévisée du même nom et de Angel ?

    En tout cas, tout comme toi, je trouve que le truc qui cloche, c'est le scénario. Je pense que si Joss Whedon ne se tapait pas autant sur le torse en pensent que Scream et Wes Craven's New Nightmare ne l'avaient pas déjà fait... ça aurait été bien meilleur!

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    1. Nos opinions se ressemblent sur plusieurs points, effectivement. Merci pour cette appréciation bien développée!

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